FÉMINICIDES

Une guerre contre les femmes


Bonjour à tous·tes !

Je vous propose en cette année scolaire et par le biais de la Ration de découvrir des ouvrages originaux, militants et de tous les styles.

Je suis étudiante en dernière année de licence de philosophie, et je souhaite dans un futur proche devenir libraire. Je voulais donc vous faire partager ma passion pour les livres, ainsi que mes connaissances à leur sujet, en vous proposant une première approche des œuvres qui m’auraient plu. Puisque je suis une fervente militante pour les droits des femmes et des personnes LGBTQ+, les lectures que je vous proposerais seront éminemment politique et dans des perspectives queer et féministes.

Dans chaque chronique, je vous proposerais une brève introduction de l’ouvrage dont il est question, ainsi qu’une étude plus approfondie d’un des thèmes aborder, ou encore des extraits…

Le premier livre que je souhaite vous présenter est pour moi une étude de grande importance en vue du contexte actuel des violences envers les femmes et autres minorités de genre. J’ai eu la chance de rencontrer la directrice de ce projet en septembre lors d’une rencontre littéraire, et de là est née ma volonté de créer une chronique afin de transmettre les connaissances des luttes féministes.

Bonne(s) lecture(s) !

Présentation de l’ouvrage

L’ouvrage Féminicides, une histoire mondiale est un projet de recherche sur la systématisation des féminicides et autres violences contre les femmes. 

Dirigée par l’historienne et féministe Christelle Taraud, cette œuvre réunit les plus grands spécialistes mondiaux sur le sujet, afin de mettre en lumière le continuum des violences qui s’exercent sur les femmes. Ce projet féministe dénonce des siècles entiers de violences silencieuses perpétuées par les hommes contre les femmes et cela partout dans le monde.

Lorsque j’ai rencontré Mme Taraud en septembre, un sujet qu’elle a évoqué m’a particulièrement marqué. Bien que ce soit d’abord la violence des faits qui m’ait touchée, j’ai aussi été offusquée par le fait que je n’en avais jamais entendu parler. Je souhaite donc revenir sur ce sujet pour lui offrir une visibilité, afin de lutter contre ce terrible silence qui noie depuis toujours la parole sur les violences contre les femmes. 

Le cas de la guerre contre les femmes au Mexique

Bien que les violences contre les femmes au Mexique aient toujours existé notamment par le prisme du racisme, un épisode récent les concernant a été gravement minimisé.

Depuis les années 1990, plusieurs familles vivant à la frontière du Mexique et des États-Unis ratissaient le territoire à la recherche de leurs sœurs, filles disparues. Plusieurs alertes ont été déclarées à la police mais ne menaient à rien. Cette parfaite inaction a conduit des journalistes féministes à se mêler de l’affaire afin de donner une réponse à ces familles désespérées. 

Le choc fut terrible lorsqu’en novembre 2001, ces mêmes familles découvraient les restes massacrés d’une dizaine de femmes disparues dans un charnier. Leurs corps avaient été jetés dans un terrain vague près de Ciudad Juárez, après avoir été violés et gravement mutilés. Ce massacre fit une véritable onde de choc, qui entraîna des recherches plus avancées sur le territoire. Ces mêmes recherches dévoileront quelques mois plus tard de précédents féminicides sexuels systématiques. Selon Amnesty International, plus de 1 653 cadavres ont été trouvés jusqu'en juin 2008 et plus de 2 000 femmes sont toujours considérées disparues.

Ces massacres contre les femmes au Mexique ont montré qu’ils n’étaient absolument pas des cas isolés d’hommes dérangés, mais bien des violences perpétrées aussi bien par l’État que par le patriarcat. 

Malheureusement, ces meurtres sont loin d’être des cas propres au Mexique, et, de par leur prolifération mondiale, feront émerger des concepts comme celui d’“overkill”. En réalité, l'overkill est fréquent dans 30 à 40% des féminicides, et réfère aux blessures, aux mutilations infligées par l’agresseur qui dépassent ce qui est nécessaire pour tuer la victime. Autrement dit, c’est le fait de tuer un corps qui a déjà été tué, de lui retirer le peu d’humanité qu’il lui reste. En d’autres termes, c’est de faire subir même pendant la mort des violences à des femmes, alors qu’elles en avaient déjà subi tout au long de leur vie.


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