IL A DIT NON (ÇA TOURNE MAL)

Éditorial de fin d’année


Un jour, j’ai proposé à quelqu’un que je ne connaissais pas très bien de créer un journal avec moi, et il a dit non. Depuis, il est le rédacteur en chef du journal. Alors que La Ration s’apprête à fêter ses 3 ans en septembre prochain, il est temps pour Pierrot Boureau, cofondateur et rédacteur en chef du journal depuis sa création, et moi-même, de tirer notre révérence et de quitter le rafiot. 

Eh oui, pour nous c’est déjà la fin mais la tristesse du départ rappelle la joie de l’arrivée, et sans lui, probablement, il n’y en aurait jamais eu, d’arrivée. En rédigeant la première version des statuts de l’association qui l’ont fondé juridiquement et qui continue d’être aujourd’hui le socle quasi-idéologique de notre ligne éditoriale, en produisant en masse des articles de qualité pour combler les places disponibles afin de faire paraître le journal à l’heure quand les contributions manquaient, en étant le médiateur pertinent et bienveillant qui assurait la correspondance entre les rédacteurs et le journal, en assumant une année entière sa direction, en ayant relu et corrigé la totalité des articles, en donnant de son temps, de son argent et de son énergie, Pierrot aura été bien plus que le simple rédacteur en chef de La Ration, il aura été notre atout principal et notre rédacteur le plus régulier avec une vingtaine d’articles à son compteur !

En effet, La Ration n’est pas et ne peut être la volonté d’un seul homme. C’est le 18 février 2020, autour d’un verre à La Forge, un petit bar rue Gambetta à Nantes, que Paul-Darius Teymouri, Marc Baudet et Pierrot Boureau, malgré son refus initial, ont répondu à mon appel et que nous avons décidé de nous lancer dans la fondation d’un journal étudiant nantais, indépendant, gratuit et libre. 216 jours plus tard, le 21 septembre 2020, La Ration s’éveillait entre vos mains grâce à la participation active des trois camarades précédemment cités, de Maya Scotton, notre fabuleuse et productive illustratrice, de Lucie Doutre, de Marie Pâquet et de Sacha Oberti, qui fussent nos premiers contributeurs. Sans oublier l’aide providentielle que nous a prodiguée Madame Olivia Scotton en nous inculquant les bases de la création d’un journal et de la rédaction d’articles.

Aujourd’hui, La Ration c’est plus de deux-mille-sept-cents tirages, plus d’une centaine d’articles et une soixantaine de contributeurs pour dix numéros : tout ça, en moins de trois ans d’existence pour un budget total cumulé d’à peu près six-mille euros issus des subventions du FSDIE et du CROUS que je ne pourrais jamais assez remercier.

C’est tout simplement fou. Je n’arrive toujours pas à croire que de la Forge à aujourd’hui, il s’est déjà écoulé 3 ans. Tout comme il m’est difficile de comprendre comment est-ce qu’un projet lucrativement nul ait eu autant de soutien et d’attention de la part des institutions et des contributeurs. Il n’est plus rare à présent lorsqu’on distribue le journal avec Pauline, notre lumineuse chargée de la distribution, de croiser des lecteurs qui attendent le nouveau numéro avec impatience. Les gens nous interpellent, et c’est merveilleux. Bien évidemment, le journal a encore des progrès à faire pour se maintenir en vie, mais pour ça, je crois que l’on peut dormir sur nos deux oreilles, les yeux fermés et le corps enseveli sous la couette : si nous quittons La Ration, c’est qu’une deuxième génération est prête à prendre le relais.

Après avoir pu rencontrer une bonne tripotée d’entre vous dans vos amphis à la rentrée, vous avoir régulièrement croisé sur le campus Tertre lors des distributions, et quand je vois comment les étudiants ont pu se mobiliser et s’organiser contre la réforme des retraites, j’en suis d’autant plus persuadé : le COVID-19 n’a pas étouffé la jeunesse nantaise estudiantine. Je crois que le journal ne mourra pas trop vite.

Je peux désormais partir le cœur léger et les mains dans les poches. J’espère simplement qu’un jour, dans quelques années, je pourrais revenir sur le campus Tertre, un lundi, aux alentours de 12h30, et repartir avec une Ration sous le bras, mais toujours les mains dans les poches.

Contributeurs, lecteurs : merci pour tout. 

Adouh, Pierrot, Pauline, Axelle, Cyril, Cassandre, et surtout Keryann et Maya merci pour cette grande année.

Adouh, c’est à toi maintenant.

Adieu cher journal.

Illustration par Niki Kömpost

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